Logement & Services à domicile

Comprendre la dépendance : critères, évaluation de la perte d’autonomie et soutien à la personne dépendante

Alban Augustin
Alban Augustin
4/11/2024

La dépendance touche une part non négligeable des personnes de plus de 60 ans. D’après un rapport récent de la Drees, le nombre de personnes âgées en situation de dépendance pourrait augmenter de 36 % d’ici 2040 par rapport à 2020. Comment les accompagner dans leur perte d’autonomie ? Quelles autres alternatives au placement en établissement spécialisé type Ehpad pour offrir un meilleur confort de vie ?

Qu’est-ce que la dépendance ?

Définition et critères d’évaluation de la perte d’autonomie

On parle de dépendance (et dorénavant de perte d’autonomie) lorsque la personne éprouve des difficultés pour réaliser des tâches de la vie quotidienne ou qu’une surveillance devient nécessaire. Première conséquence du vieillissement du corps, la dépendance peut également faire suite à une maladie chronique. Si la probabilité d’être en situation de dépendance s’accroît avec l’âge, elle est pourtant rarement anticipée.

Afin de subvenir efficacement aux besoins de la personne en situation de dépendance, une grille nationale d’évaluation de la perte d’autonomie dédiée aux personnes âgées de plus de 60 ans existe : la grille AGGIR (Autonomie Gérontologique et Groupe Iso Ressources). Elle est constituée de six groupes iso-ressources (Gir), elle permet aux spécialistes médico-sociaux de jauger le degré de perte d’autonomie et d’agir en conséquence.

Le professionnel va mesurer la perte d’autonomie du patient en fonction de sa capacité à réaliser de façon autonome plusieurs activités de la vie quotidienne : se déplacer, faire sa toilette, se nourrir, s’habiller, s’orienter, se lever, se coucher… Une évaluation complète sur la perte d’autonomie physique et psychique est menée. Elle peut être effectuée par l’équipe médico-sociale APA, les évaluateurs des caisses de retraite ou par un médecin coordonnateur en Ehpad.

Personne dépendante : les différents niveaux de dépendance d’après la grille AGGIR

La dépendance est classée en 6 groupes iso-ressources :

Groupe GIR Niveau de dépendance
GIR 1 Concerne les personnes alitées ou en fauteuil, nécessite une présence indispensable et continue
GIR 2 Concerne deux catégories de personnes : celles dont une prise en charge est nécessaire pour la plupart des tâches de la vie quotidienne ; celles qui savent se déplacer, mais qui manifestent des problèmes psychiques
GIR 3 Concerne les personnes qui ont conservé tout ou partie de leur capacité physique et psychique, mais qui ont besoin d’aides quotidiennes pour les soins corporels
GIR 4 Concerne deux catégories de personnes : celles qui ont besoin d’assistance pour la toilette et l’habillage ; celles qui n’ont pas de soucis locomoteurs, mais qui ont besoin d’aide pour les repas et les soins corporels
GIR 5 Concerne les personnes relativement autonomes qui ont besoin d’aides ponctuelles pour les repas et le ménage par exemple
GIR 6 Concerne les personnes autonomes qui peuvent avoir besoin d’aide pour les tâches domestiques
À noter que cette grille sert également de base pour l’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) puisqu’elle est octroyée aux personnes classées dans les groupes iso-ressources 1 à 4. Les personnes âgées en GIR 5 et 6 peuvent quant à elles percevoir une aide de la caisse de retraite ou encore une aide-ménagère.

Quelles solutions et aides disponibles pour soutenir les personnes dépendantes ?

Plusieurs aides de l’État existent pour financer une partie des dépenses liées à la perte d’autonomie.

Pour les seniors évalués en GIR 1 à 4, l’aide de l’APA à domicile est octroyée, elle se situe entre 762,87 € (Gir 4) et 1 955,60 € par mois (Gir 1) et permet de financer deux types de dépenses :

  • Les interventions à domicile (aide à domicile, frais de séjour temporaire en établissement, portage de repas …)
  • Les aides techniques (fauteuils roulants, cannes, lits médicalisés, etc.).

Existe aussi l’APA en établissement dédié à l’hébergement en établissement médico-social (Ehpad, USLD) pour couvrir une partie du tarif dépendance.

Pour les personnes plus autonomes, une aide financière du département est disponible sous conditions de ressources (inférieures à 916,78 € par mois) ainsi qu’une intervention des caisses de retraite qui peuvent envoyer une aide à domicile.

Quelles alternatives à l’Ehpad ?

Le placement en établissement spécialisé comme un Ehpad apparaît adapté pour encadrer les personnes en perte d’autonomie (et même en situation de handicap). Seulement, ce n’est pas un choix souvent plébiscité par les proches et la personne en perte d’autonomie elle-même. Ainsi, d’autres alternatives existent pour assurer un cadre de vie confortable :

  • L’hébergement en famille d’accueil agréée ou la personne âgée peut se rendre de façon temporaire ou permanente
  • Le maintien à domicile en faisant appel à des services d’aide à domicile ou en entreprenant des travaux d’adaptation du logement (chambre de plain-pied, remplacement d’une baignoire par une douche à l’italienne, etc.)

Utiliser son patrimoine pour financer sa dépendance

Utiliser une partie de son patrimoine pour prendre en charge les frais liés à sa dépendance (aide à domicile, financement de travaux d’adaptabilité dans le logement) permet de subvenir à ses propres besoins sans solliciter ses proches. Pour cela, deux solutions existent :

Monétiser son patrimoine immobilier avec le viager ou la nue-propriété

La vente en viager ou en nue-propriété permet de tirer des liquidités de son bien sous forme de capital ou de revenus, tout en continuant de profiter du bien jusqu’à son décès. Il existe plusieurs formes de viager qui permettent, entre autres, de transmettre son patrimoine aux générations futures. Mais dans tous les cas, cela va au-delà d’une vente immobilière : le viager et la nue-propriété permettent de se constituer un complément de retraite ou de débloquer un capital pour financer tous les frais liés à une perte d’autonomie.

Convertir son épargne en rente viagère

Convertir son capital auprès d’un assureur pour bénéficier d’une rente à vie pour percevoir des revenus réguliers en plus de sa retraite. Cela demande toutefois deux conditions : disposer d’une épargne suffisante et souscrire suffisamment tôt pour profiter de ce placement.